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Critique: A Plague Tale: Innocence

Voici notre critique du jeu A Plague Tale: Innocence, testé sur PS4:

Genre: Action-Aventure Narratif
Développeur: Asobo Studio
Date de sortie: 14 mai 2019

Disponible sur PS4, Xbox One et PC

Site Web Officiel

En 1348, la France durant la guerre de Cent Ans est aux prises d’un terrible fléau. La peste domine le royaume et l’homme cherche à tout prix une tête de Turque. Le sort tombe sur deux enfants, Amicia et Hugo de Rune, un duo frère et sœur qui devront fuir l’inquisition ainsi que des hordes de rats déchaînés.  Le monde paraît se putréfier sur leurs traces ; à chacun de leurs pas, l’atmosphère s’alourdit ; l’esprit humain révèle ses aspects vils davantage plus le temps avance ; bref, leur univers semble voué à une destruction brutale et douloureuse, mais ils persistent à croire qu’un espoir pointe à l’horizon. A Plague Tale: Innocence est un récit d’espoir dans un univers sombre où tout semble vouloir mettre fin à l’épopée de la fratrie de Rune.

Fantaisie sombre et poétique

Votre aventure débute en campagne française sur le domaine de Rune. Les rideaux se lèvent sur Amicia et son père Robert de Rune qui se remémorent des souvenirs et discutent en forêt. Soudainement, Lion le chien de la famille part à la poursuite d’un sanglier blessé par la fronde d’Amicia. Amicia et son père se lancent à la poursuite de leur copain à quatre pattes, et tomberont sur une vision d’horreur. La nature semble se putréfier, les de Rune tombent sur la carcasse complètement rongée par un mal inconnu du cadavre de Lion. L’incompréhension et la panique forcent Amicia et son père à rebrousser chemin rapidement, et à retourner vers leur résidence. De retour au domaine de Rune, on fera la connaissance de la mère d’Amicia. Cette dernière vie à l’écart des autres membres de la famille. Elle voue son existence à la protection du plus jeune enfant de la famille, Hugo, atteint d’un mystérieux mal. Amicia ne connait pas vraiment son frère ni sa mère puisqu’ils vivent reclus depuis 5 ans. Le destin choisira de les réunir de façon inopinée alors que les soldats de l’inquisition font irruption au domaine en quête du jeune frère d’Amicia. Robert de Rune sera assassiné par le chef des malfrats des suites de son opposition à l’entreprise de l’inquisition. La mère des deux jeunes protagonistes les mènera vers la fuite du domaine. Mais devra rester derrière pour leur offrir une chance de s’enfuir. C’est à ce moment que l’histoire débute concrètement. Leur mère, avant de se faire lâchement abattre par les soldats de l’inquisition, leur ordonna de se rendre dans le village voisin pour demander l’aide d’un médecin qui l’aidait à trouver un remède au mal dont Hugo souffre.

Le scénario est une œuvre d’art en soi. On navigue dans une myriade d’émotions allant de la complexité des relations fraternelles à la peur et l’angoisse provoquée par la réalité brutale du 14e siècle au travers des yeux d’enfants qui doivent se démener dans un monde violent qu’ils ne comprennent pas. Tout est sombre et sanglant, la folie semble s’être emparée de tous, mais on perçoit toujours une petite lueur qui cherche à se frayer un chemin parmi les atrocités de la guerre et de la maladie. Si vous avez un frère ou une sœur, rappelez-vous comme votre enfance était constamment une source de conflit. Ajoutez à cela le fait que vous ne connaissez pas l’autre et que tout ce qui vous reste c’est cet autre que vous ignorez. Dans A Plague Tale: Innocence, le réalisme sauvage de la guerre de 100 ans se mêle avec le fantastique sombre. Des hordes de rats avares de chairs vivantes sont mues par l’absence de lumière dans les zones pestiférées. Un étrange magnétisme opère entre le petit Hugo et ces hordes de rats. Les deux acolytes seront confrontés à cette marée de petits démons poilus armés de leurs seules torches et courage pour se frayer un chemin au travers de la vermine grouillante.

Du déjà vu tout sauf ennuyant

Comme le jeu est disponible depuis un bon bout de temps, vous avez probablement déjà vu des critiques qui faisaient état de similitudes avec certains jeux de Naughty Dog tels que The Last Of Us (TLOU). Ce n’est pas complètement faux, mais pas tout à fait ça non plus. Il s’agit ici d’un jeu narratif plutôt lent basé essentiellement sur le scénario, ce qui peut faciliter le rapprochement entre les deux titres. Selon moi, les studios Asobo l’ont surement perçu tel un compliment. Les mécaniques de jeux ne sont pas très éloignées de celles de TLOU, mais recèlent tout de même quelques particularités. Nous avons l’opportunité de combattre ou de jouer de manière plus furtive en permanence. Le combat n’est toutefois pas l’approche à prioriser à mon avis. Si vous êtes un fan inconditionnel des jeux de hack n’slash, peut-être devriez-vous reconsidérer votre choix cette fois -ci. Rappelons-nous que les personnages de l’histoire n’ont que 14 et 5 ans, et ne sont pas des superhéros. Ils ne sont armés que d’une fronde, de potions alchimiques et de quelques pièces d’équipements de protection. La simplicité des actions à effectuer n’enlève absolument rien au charme du jeu, bien au contraire. La plus grande partie du titre, vous devrez vous faufiler au travers de scènes de carnage ou de soldats français et anglais, dans des catacombes lugubres ou autres bâtiments sordides. Les quelques combats proposés sont plutôt intéressants. Par moments, on aura une impression de déjà vu lorsqu’on affronte les simples soldats qui nous feront penser au infectés de TLOU, mais parfois certains adversaires offriront un challenge qui fait penser aux jeux du type de Demon Souls ou Dark Souls, mais pas aussi ardus ni complexes bien entendu.

Le premier combat digne de ce nom est un affrontement avec un serf anciennement soldat qui s’est autoproclamé protecteur du peuple et pour qui vous êtes la source des maux de la ville. Il vous affrontera à la suite d’une poursuite effrénée dans les étroits passages de la ville qui se terminera dans l’arrière-cour d’une église plus ou moins à l’abandon. Le soldat revêtira une armure dépareillée et rapiécée que vous devrez démonter pièce par pièce à l’aide de votre fronde tout en esquivant les attaques de plus en plus dévastatrices. Gardez toujours à l’esprit que vous n’avez que 14 ans et que vous devez combattre un soldat aguerri. Il ne s’agit que d’une ratée et vous mourrez. Vous devez donc user d’agilité et anticiper les actions de votre adversaire.  La patience est une alliée plus efficace que les talents de combattant dans ces affrontements.

Plusieurs types d’actions vous seront proposées tout au long de votre parcours. Vous devrez confectionner des potions alchimiques somnifères, incendiaires et autres. Des ateliers de fabrication sont présents afin de vous permettre d’améliorer votre équipement, un peu comme on l’avait déjà vu dans TLOU. Il faudra donc fouiller un peu pour trouver des matériaux. Vous devrez vous servir de votre environnement pour diverses raisons comme attirer l’attention des soldats ailleurs pour vous laisser le champ libre lors d’une fuite. Votre petit frère devra également être utilisé à bon escient pour ouvrir des portes auxquelles vous n’avez pas accès ou attirer l’attention de vos adversaires.  

Des puzzles sont aussi présents dans le jeu qui impliquera un niveau de réflexion moyen, mais tout de même très intéressant où vous devrez composer avec les éléments du décor pour débloquer des zones. La plupart du temps il s’agit de manipuler des torches ou allumer des braises pour éclairer la voie à prendre. Ça semble simple, mais détrompez-vous, parfois il faut se gratter le cuir chevelu quelques minutes pour s’y retrouver. Il y a très peu d’indices dans le jeu. On est loin des Assassin’s Creed et autres avec les points lumineux ou des flèches désignant nos objectifs. Même si le titre n’est pas le plus difficile en soi, il n’en reste pas moins un défi extrêmement plaisant à découvrir.

Vous rencontrerez plusieurs personnages au cours de votre cheminement qui vous aideront et qui vous donneront accès à de nouvelles compétences. Des rencontres brèves pour la plupart, mais qui ajouteront certainement une touche moins dramatique au récit. Un duo de voleurs ou encore un jeune apprenti alchimiste, chacun recèle une part de magie dans ce scénario splendide, mais oh combien glauque et morbide.

Onirique, mais palpable

Visuellement A Plague Tale: Innocence est sublime. Dès les premiers pas, la qualité des images nous saute au visage. Bien des studios de plus grande envergure n’arrivent pas à faire un aussi beau rendu et à créer un univers aussi fluide. La profondeur des traits des personnages et des décors est ahurissante. Je suis, à chacun de mes retours dans le jeu, émerveillé par son réalisme et l’immersion qu’il nous procure. Même si la qualité graphique du jeu nous subjugue et met en lumière des aspects qui démontrent la beauté des choses, elle met également au jour des facettes moins enviables de cette réalité qu’est celle de la guerre et de la maladie. Le détail porté aux corps qui jonchent les champs de bataille, ou encore aux restes d’individus morts sur les bûchers de l’inquisition, révèlent avec une précision désarmante les drames de cette époque. Si on est un fan de Dark Fantasy ou de l’histoire médiévale, A Plague Tale: Innocence est à mon avis un incontournable ne serait-ce que pour l’ambiance et le réalisme que projette le graphisme.

Justesse et profondeur…perfection !

Il y a de ces bandes sonores qui donnent parfois l’impression que les différents volets de production d’une œuvre ne se sont jamais consultés avant de dévoiler le produit fini. La trame sonore de celui-ci est tout bonnement un grand cru, une œuvre envoutante qui complète à merveille l’œuvre graphique et scénaristique. Beaucoup de bandes sonores ajoutent une dimension à un jeu, ou viennent donner un petit plus à l’univers d’une production. Dans le cas de cette trame sonore signée Olivier Derivière, les mélodies ne font pas simplement qu’épauler l’histoire…elles l’incarnent totalement. Aucun son n’est laissé au hasard et toutes les ambiances provoquent l’émotion recherchée par l’action et l’image. À consommer sans modération.

Asobo Studio a effectué avec brio ce que bon nombre de studios rêvent un jour de réussir à créer. Ils ont une feuille de route somme toute bien remplie, mais rarement de méga productions à souligner avec ferveur par la communauté vidéoludique. Mis à part les Quantum break ou The Crew 1 et 2, ils ont travaillé sur plusieurs jeux destinés à des publics plus généraux et ont produits des jeux moins imprégnés de complexité. Il aurait été difficile de prévoir un joyau tel qu’A Plague Tale: Innocence, qui émergerait d’un studio comme Asobo.

Bref, ce jeu est une pure merveille. Il accomplit un miracle autant au plan du graphisme qu’au plan musical, mais ce qui le démarque davantage, c’est son scénario, et l’ambiance qui en émane. L’espoir, paradoxal à la réalité d’une France meurtrie par la guerre et la maladie, émerge bref, mais omniprésent de chaque scène proposé. Les aspects les plus sombres de ce monde se font ressentir par le joueur. On se sent sali par l’apparence poisseuse des champs de bataille boueux et des catacombes pestiférées. A Plague Tale: Innocence est une épopée merveilleuse dans un univers qui ne l’est pas du tout. Si je devais donner une note à ce jeu, ce serait très humblement et sans aucun doute un 9,5/10 plus que mérité. S’il avait été issu d’une production signée par un plus grand studio, il aurait sans nul doute été couronné jeu de l’année par plusieurs donneurs de prix. Un must à essayer très bientôt si vous ne l’avez pas encore fait et que les histoires de qualité vous intéressent.

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu A Plague Tale : Innocence. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!

Dominic Duclos
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Dominic Duclos

Ces premières armes ont été l’Atari 2600 et quelques années plus tard la NES. À l’époque, il adorait principalement les Final Fantasy, Zelda et Megaman. Son top 5 d’aujourd’hui, sans réflexions, est Final Fantasy 12, Fable, Horizon Zero Dawn, Days Gone et Assassin’s Creed Unity. Il est généralement très ouvert sur les jeux et essaye de rester objectif même s’il dérape régulièrement!

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