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Critique: Gynoug

Voici notre critique de Gynoug, testé sur Nintendo Switch:

Genre: Shoot’em Up
Développeur: Ratalaika Games
Date de sortie: 12 novembre 2021

Disponible sur PS4, Xbox One, Nintendo Switch et PC

Avoir 30, sans rire, c’est vraiment “prendre un coup de pelle”. Un vrai, celui qui vous rappelle une jeunesse qui s’éloigne et une vieillesse empreinte de sagacité qui se profile, sans vraiment survenir. Bref, ça craint. Enfin non, pas tout à fait! La véracité de l’humanité ne vaut pas pour la machine en dépit de la coutume de plus en plus malsaine liée à l’obsolescence. Cela nous renvoie à la douce nostalgie qui hante nos rêves. Ainsi, nos affirmations sont toutes retournées: faut-il considérer la chose pour ce qu’elle représente ou pour ce qu’elle est?

Question fugace ce jour car l’heure est au retour aux sources, à l’ancien, aux années folles qui font fantasmer ceux qui seraient passés à côté. Point besoin d’évoquer les origines: une Mega Drive suffit. Et il y a 30 piges sortait Gynoug, le bel étalon prêt à en découdre dans cet univers impitoyable qu’est le Shoot’em Up. L’armada est en ordre de marche et au milieu de celle-ci se dressent de puissants conquérants, dont la Légende s’inscrit au-delà des frontières du genre.

Forcément, lorsqu’un fer de lance vient vers nous pour nous rappeler les fondamentaux, à nous de savoir comment l’accueillir. Certes, l’âge d’or a frappé de son sceau et il est difficile de retirer les mérites inhérents à celui-ci. Mais qu’en est-il de nos jours? A quel saint salvateur se fier sans assister au jugement altéré par nos souvenirs bienveillants?

En tout cas, vous l’avez saisi: le paradoxe reste entier. Appréhender le passé est un risque, tant pour l’évolution cognitive que pour la sensation. Nous voilà donc face à ce lâche dilemme qui nous pousse vers l’obscurantisme disgracieux ou l’élitisme infect. Cependant, au lieu de choisir un camp, vos fidèles aviateurs du NBK vous proposent de vous seconder dans ce tourbillon temporel qui ne laisse aucun échappatoire.

Formez les rangs chers amis. La bataille ne fait que commencer!

Gynoug à terre

Shmup au scrolling horizontal, Gynoug est un chemin vers la connaissance. En effet, évoquer le style sans y faire référence fait un peu tâche. Ne nous mentons pas: il ne s’agit en aucun cas du chef de file du mouvement. En outre, nous avons devant nous un champion, au sens antique du terme. Et cela tombe bien puisque le jeu puise son  environnement dans la mythologie grecque avec, nous en conviendrons, une immense liberté qui lui permet de lorgner vers l’Europe de l’Est voire même sur le Steampunk à l’occasion.

Comment d’ailleurs ne pas comparer le héros à Icare, le côté badass et “so 90’s” en plus? En tout état de cause, Gynoug assume son parti-pris et cela transpire dans sa direction artistique proprement fabuleuse. Le tout est solide techniquement et, en dehors d’un level 5 tout bonnement raté, les niveaux disposent d’une entité forte. Les couleurs sont suffisamment variées pour ne pas lasser la rétine et l’ensemble est lisible malgré la profusion des tirs qui peuvent faire peur à l’épileptique.

L’impression de vie prédomine, surtout à la toute fin, et les références sont affirmées. D’accord, certains décors semblent assez sommaires mais osons le tout pour le tout: si un développeur proposait l’œuvre de nos jours sous la bannière pixel art, cela ne choquerait personne. Et comme nous le disions, le tour de force provient de l’hommage qui ne verse pas dans le pastiche. On pense notamment à la moitié du jeu qui ne dépareille pas avec l’atmosphère d’un Castlevania.

Et l’on retrouve ce soin tout particulier sur le design qui avait su faire couler tant d’encre sur des opus comme Altered Beast. Oui, nous citons des jeux en dehors du genre. Rassurez-vous: ce n’est en aucun cas hors de propos au regard de l’excellence apportée à l’architecture ou au bestiaire qui a de quoi tenir la dragée haute à bon nombre de concurrents courroucés. Et ces boss, les amis, ces boss! Divins (ahah), tout simplement. Et étonnamment cohérents, prouvant que variation n’est pas synonyme d’incohérence.

Wings of change

Gynoug (ou Wings of Wor pour les copains des Etats-Unis) ne ralentit pas sur le reste. L’OST est incroyable et évite tous les écueils de la Genesis. Pas de saturation, pas de craquage des aigus. Une utilisation judicieuse du matériel sonore de la console, pourtant réputé pour ses catastrophes. Toutefois, Masaya a eu le nez creux en ponçant tous les aspects de son joyau. Les thèmes sont reconnaissables et donnent envie d’en découdre, et c’est bien le principal!

Concernant les bruitages, le bilan est un peu plus modéré. S’ils sont bien distincts, nous permettant de comprendre ce que l’on fait (ou ce que l’on ramasse), la discrétion de certains d’entre eux est malhabile et, pire, d’autres sont tout bonnement insupportables. Nous pensons notamment au ricochet des tirs sur la carapace des gardiens qui brisent les tympans! Une pierre mal taillée balancée dans le jardin fraîchement tondu…

En tout cas, le mixage de l’ensemble reste pertinent et il serait bien méchant d’affirmer que l’alchimie n’est pas aux aguets. Le visuel répond à la partition et inversement, malgré quelques fausses notes sans conséquence. Si le haut vol (c’est que nous sommes marrants aujourd’hui!) n’est pas constant, il s’en approche et les rares baisses n’entravent en rien le plaisir ressenti.

La grosse surprise provient de la manière de faire coexister l’improbable avec le thème principal sans que cela ne soit perçu comme un choc ou une fable ridicule. Nous reconnaissons bien là la démarche outrancière des nineties mais finalement, cela sied à l’époque et à la démarche du jeu. Rien n’est laissé au hasard et chaque choix opéré par les développeurs est fait sciemment sans être dicté par une quelconque limite. D’autant plus que, nous réitérons, le jeu est sorti en 1991! Et la hype n’est finalement jamais redescendue…

This Wor of Mine

2 paragraphes sans vous parler de la jouabilité: les aficionados du shoot seraient en droit de nous mettre au pilori! Et, confessons-le, ils auraient raison tant cela constitue l’essence même de la catégorie. Alors, Gynoug, c’est quoi c’t’animal bon sang? Rien de plus qu’un shmup aussi efficace que classique. On avance, on cartonne les mobs pour se frayer un chemin jusqu’au costaud de fin de niveau afin d’en découdre.

Première chose: le nombre de sprites à l’écran est impressionnant! Et globalement, le jeu est stable malgré des chutes de framerate, assez marginales.

Cela vient de partout et il vous faudra surveiller vos arrières car il n’y a point de possibilité de se retourner. Il est nécessaire d’étudier les mouvements et d’apprendre inlassablement. Coup de bol: Gynoug se veut plutôt accueillant et pas trop difficile de prime abord. Vous aurez le temps de vous familiariser avec un système assez direct dans son appréhension. Les directions, le tir, l’utilisation des magies et leur sélection, voilà ce que vous propose la production!

Bien souvent, la contrainte provient des pièges qui s’invitent à la fête pour vous enquiquiner au milieu des rafales adverses, loin d’être exponentielles. En dehors des boss, vous ne serez que rarement submergé par les boulettes des belligérants, du moins en “normal”. En effet, vous disposez de 4 modes de difficulté et le vrai défi est de boucler l’aventure en “hyper”. Et il vous faudra bien des essais pour y parvenir, surtout si vous avez la prétention de le faire en “no death”!

A vous aussi de ne pas laisser passer les bonus, et Gynoug se veut plutôt généreux en la matière. Vous aurez tout d’abord des orbes qui se raccordent à 2 barres composées de 5 parties. Le rouge correspond à la puissance de tir, le bleu à la portée. Si vous perdez une vie, cela diminue. En clair, moins vous mourrez et plus vous dégommerez le maraud! L’enjeu étant d’être le plus souvent au maximum pour frapper large et fort. Ajoutez à cela des magies qui amplifient votre zone de tir, offrent un bouclier, font tonner des éclairs (et on en passe) et vous pourrez constater que l’arsenal est suffisamment conséquent pour devenir un véritable meurtrier volant!

Ailes Matador

La dimension stratégique n’est pas à négliger dans Gynoug, ce qui est fortement appréciable. Cela s’applique principalement aux semi-boss et aux balèzes de fin de niveau. Esquiver, attendre l’ouverture et observer l’endroit où il faut frapper, tel est le deal. Car si les vilains ne sont pas des sacs à PV, leur hitbox est située à un endroit bien précis. Nul besoin de bourriner bêtement: il va falloir réfléchir et utiliser avec parcimonie le matériel dont on dispose.

Cela se fait naturellement après quelques échecs, jusqu’à réussir à boucler le jeu sans perdre trop de vies. Et question longévité, pas besoin de se leurrer: en enchaînant le parcours avec adresse, vous ne passerez pas plus d’une heure. Encore faut-il y arriver tout en obtenant un score appréciable! Et c’est là qu’intervient cette version de 2021, qui chamboule les codes.

Il s’agit de se poser la question sur la manière d’aborder Gynoug. En effet, tout est pensé pour que chacun puisse le finir, d’une manière ou d’une autre. Faut-il alors opter pour une approche old-school, où vous allez tenter d’aller le plus loin possible jusqu’à l’épuisement de vos crédits, ou privilégier l’approche des features actuelle pour mieux relever le véritable défi par la suite? Cela ne dépend que de vous mais sachez-le: se lancer dans le jeu pour une partie unique ne comporte aucun intérêt. Ce n’est que sur la longueur que le charme opère réellement.

C’est de la réitération que naîtra la frustration. Puis le désir. Et enfin le plaisir!  Celui qui vous amènera à réaliser des prouesses encore impensables quelques heures auparavant. D’autant plus que les niveaux sont assez longs. Cependant, Gynoug ne vous punit jamais avec férocité. Gâcher une vie revient à poursuivre sur place et une perte de “continue” oblige à reprendre le niveau. Attention à ne pas déformer notre exposé: ne vous attendez pas non plus à une promenade de santé! Mais pour le genre qu’il représente, nous ne sommes pas dans les abysses du challenge insurmontable. En revanche, il faudra vous débrouiller seul car la coopération n’est pas au menu.

Ailes en gel

En ce qui concerne les versions actuelles, plusieurs options sont à votre disposition pour vous laisser à la barre et vous aurez de quoi manœuvrer. Tout d’abord, les filtres graphiques sont là pour vous laisser le choix du rendu, plus lisse ou “cathodique”. La taille de l’écran compte aussi mais l’intégralité de celui-ci est à proscrire, le 4:3 faisant largement l’affaire. Sachant que les bandes sont personnalisables (dans la mesure du raisonnable)!

Pour le reste, rien de bien transcendant et cela demeure dans la lignée des bundles des classiques “remis au goût du jour”: on y retrouve notamment les save states, bien connues déjà par les professionnels de l’émulation, ou le rewind, qui vous permettra de revenir en arrière jusqu’au moment que vous jugerez opportun. La permission de corriger une erreur d’inattention et de rectifier au plus vite!

Il y a donc plusieurs degrés pour le cheat, dont le honteux “invincible” dont nous contestons vivement la présence. Certes, qu’une aide soit proposée est éventuellement une bonne chose pour les nouveaux arrivants. Néanmoins, comment mettre en lumière des axes de progression si aucune résistance ne se dresse face au joueur? Un choix incompréhensible qui dénote avec l’esprit du Shoot’em Up.

Enfin, l’initiative globale reste louable et donner accès au patrimoine vidéoludique sur des machines récentes permet de mieux penser le média. Surtout que le faible coût (le jeu est à moins de 7$) ne peut qu’inviter à la découverte. Et finalement, si c’était au joueur de décider de son expérience pour se rendre à l’évidence?

C’est à espérer mais aussi (et surtout) à préconiser.

Une perle de plus qui connaît une seconde jeunesse: voilà en quoi consiste Gynoug! Shmup abordable à son époque, sa conversion actuelle lui permet de s’ouvrir encore plus aux réfractaires grâce aux facilités désormais instaurées. Il est évident que cela collera des ulcères aux puristes tout en proposant une initiation à l’un des diamants de la Mega Drive.

Charge à chacun de faire des choix afin de ne pas édulcorer l’épopée pour en tirer une pleine satisfaction, sous peine de ne pas respirer pleinement le parfum du genre. L’expérience est intacte et nous nous disons qu’une production peut se targuer de traverser les époques. C’est le cas de Gynoug qui, du haut de ses 3 décennies, nous offre ce qu’il se fait de mieux sans chercher à atteindre le valhalla technique du Shoot’em Up.

Une démarche saine et pleine de sens en 1991 qui trouve ici son pendant, sans fioriture et tout en finesse. De quoi relancer le débat sur les qualités que doit arborer un jeu de cette famille.

Qu’importe finalement! Si Gynoug a cette fâcheuse tendance de ne pas être suffisamment connu, chacun sait désormais comment laver l’affront, et ce même pour les bourses plus modestes. Comme ces oubliés de la mythologie, il est temps de renaître.

Et de conquérir l’Olympe.

Un énorme merci à Ratalaika Games de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Gynoug. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!


No Bloody Knows
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No Bloody Knows

Sorte de mixture issue des années 80 et 90, le No Bloody Knows, ou le NBK pour les plus pressés, se consomme en duo. Une facette double qui trouve son inspiration dans l'indie ou les productions à moindre budget. Un accent marqué du Nord de la France, une passion pour le Beat'em Up et une envie de découvrir ce que la passion a de plus beau : la créativité! Un plaisir de partager notre expérience car nous tous, nous sommes la Pop Culture.

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