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Critique: Edge of Eternity

Voici notre critique du jeu Edge of Eternity, testé sur PS4:

Genre: J-RPG
Développeur: Midgar Studio
Date de sortie: 8 juin 2021 sur PC

Disponible sur PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One, Nintendo Switch et PC

La source d’inspiration est un geyser fertile un peu dangereux au sens où il faut savoir être digne de son rang ! Alors lorsqu’on s’appelle Midgar Studio, autant dire que la pression est maximale pour la dizaine de développeurs qui composent la firme. Après un financement participatif réussi, voilà que Edge of Eternity pose ses valises sur nos consoles de salon, quelques temps après avoir fait une excursion sur PC.

Les promesses sont nombreuses et titillent notre curiosité car le titre se revendique comme un classique des J-RPG. Un Final Fantasy au parfum de French Touch ? Il y a de ça, c’est une certitude. Mais ce serait bien trop réducteur tant le jeu essaie de s’extirper de la mêlée tout en respectant au maximum les codes du genre.

Une manière d’annoncer tout de suite la charte déployée. Le public visé est donc tout trouvé: place aux vétérans ! La démarche est ambitieuse car le genre a connu un sacré regain depuis quelques années qui dépareille avec l’énorme passage à vide constaté sur la gen PS360 (en dépit de rares exceptions).

Pour se frayer un chemin au milieu des mastodontes, il est nécessaire de crapahuter, encore et encore. La seule nostalgie ne permet pas d’accoucher d’un essai de qualité: en effet, d’autres éléments sont indispensables afin d’éviter la sortie de route.

Désormais, il est l’heure de découvrir si Edge of Eternity a les moyens de vivre son songe en contournant les limitations inhérentes à son statut. Enfilez votre costume d’aventurier et parez vous de vos plus beaux atouts, il est l’heure d’arpenter les terres d’Heryon !

Edge of Empires

Comme nous vous le disions dans l’introduction, Square et Enix (avant et après la fusion) constituent le matériau qui porte les aspirations de Edge of Eternity. Si vous avez déjà été en contact rapproché avec un Dragon Quest, FF ou Xeno, alors vous ne serez pas perdu dans cet univers qui, avouons-le, est d’un grand classicisme.

Le scénario met en lumière un affrontement entre les habitants du monde présenté et de mystérieux envahisseurs. Un conflit qui fait rage et qui a d’énormes conséquences. De plus, une grave maladie (la Corrosion) se répand. Sur le papier, rien de bien novateur ni même de palpitant. Cependant, même si le récit est en dents de scie, l’écriture des dialogues donne du peps à l’ensemble. Tout est percutant et chaque phrase à son utilité.

Point de séquences trop verbeuses et le superflu est mis à la porte ! Les échanges entre les protagonistes de ce sombre théâtre sont savoureux et donnent une véritable personnalité à l’œuvre. En revanche, nous regrettons que certains personnages arrivent sur le tard et que finalement, nous repartons avec quasiment autant de questions que de réponses. Une ouverture probable afin de faire de Edge of Eternity une licence durable.

Si, en soi, nous ne ferons pas de reproches très durs, le sentiment de manque nous accompagne une fois l’opus bouclé. Une désagréable impression se dégage, surtout en fin de game où les enjeux semblent se tasser et ne pas égaler la maîtrise jusque-là affichée. Un réel souci qui met néanmoins en exergue les diverses réussites qui passent par la manière dont se comporte tout ce beau monde.

D’ailleurs, ne vous laissez pas piéger par le début qui est en total décalage avec la suite, un peu comme si elle était ajoutée au dernier moment. Cela donne le ton, qui se révèle très sombre. Voir des compagnons mourir, se venger, évoluer dans une diégèse où la vérité met du temps à éclater, telle est la voie de beaucoup de J-RPG et de Edge of Eternity !

L’école Edge (fou, fou, fou)

L’effet “crayonné” est vraiment charmant et contrebalance la technique assez pauvre, un aspect des restrictions liées au budget. Là n’est pas le plus inquiétant: notre version testée (PS4) affichait quelques ralentissements, notamment lors des cinématiques où les mouvements de caméra ramaient comme pas possible. In-game, le constat est plus doux malgré le pop-in qui démontre bien que la finition est un point à améliorer grandement. D’autant plus qu’à l’occasion, certains angles nous montrent des éléments en dehors du décor. Nous évoquerons aussi 2 crashs qui nous ont renvoyés directement au menu de la console.

Rien de totalement rédhibitoire mais cela nous casse l’immersion, point sur lequel il est important de ne pas se rater en tant que J-RPG. Bien sûr, nous pardonnons partiellement cet état de fait, la création étant réalisée par une team réduite. Toutefois, il convient de vous le signaler d’autant plus que d’autres itérations ont vaillamment montré les muscles durant ces dernières années.

Au-delà de tout cela, la manière de narrer est variée, même lorsque les plans fixes composés de sprites (très jolis) s’en mêlent. C’est ainsi que nous pouvons affirmer que la direction artistique est triomphale en dépit d’un rendu des visages lisses et sans réelle expression. Le bestiaire est remarquable, peut-être plus que les héros dont le chara-design est bon sans se montrer explosif. Le choix des couleurs est pertinent et le rendu des lieux de vie est surprenant. Si les villages manquent un peu d’animation(s), comme souvent dans ce type de jeu, les villes sont un bonheur à arpenter !

De très beaux panoramas nous transpercent même si, une nouvelle fois, le dispositif graphique est en retrait. Mais il y a de la volonté derrière tout cela et l’effort est à saluer. Grandement même ! Les biomes sont variés et aisément reconnaissables. Edge of Eternity évite l’effet de clonage, particulièrement frustrant lorsqu’il devient la norme. Chaque lieu dispose de sa propre ambiance, ce qui nous sert une atmosphère homogène sans fioriture qui esquive habilement la monotonie.

Edge against the machine

Pour vous parler de la performance sonore, autant aller droit au but: nous sommes confrontés à du haut de gamme ! Les musiques, composées par Cédric Menendez et Yasunori Mitsuda (Chrono Trigger, Shadow Hearts, Xeno…) sont divines. Effacée quand il le faut, dynamique lors des séquences d’action, poignante lors des saynètes basées sur l’émotion, la partition remplit parfaitement son rôle. D’autant plus qu’une écoute répétée, bien après avoir fini Edge of Eternity, est à envisager sérieusement! Un des points forts qui rivalise avec ses concurrents. Tenir la dragée haute aux grosses productions…chapeau bas !

Les bruitages sont également excellents et enrichissent l’expérience. Qui plus est, les conversations sont soutenues par des doublages de bonne facture tandis que la traduction assure une parfaite compréhension. Bref, tout ce qui concerne l’audio ne connaît pas de frontières similaires au visuel.

Les menus font aussi étalage d’une grande classe. Il est juste dommage que cela soit contrebalancé par une ergonomie en branle à la manette. Il faut prendre le coup de main mais même au bout de quelques heures, certaines décisions semblent illogiques. Ce n’est pas non plus une catastrophe; en outre, cela aurait pu être amené autrement.

Les animations sont quant à elles un peu boiteuses et parfois carrément hors du temps. Un constat amer sachant que les événements se déroulant à l’arrière-plan sont occasionnellement très chouettes mais le résultat est insuffisant. Bien sûr, nous saurons en faire abstraction mais, comme nous le disions précédemment, la compétition est rude.

Il vous faudra aussi ne pas être trop exigeant en raison des bugs de collision. D’autant plus que le choix entre qualité graphique et performances ne régule pas les tracas. Ainsi, il faut gratter le vernis de Edge of Eternity pour mieux l’appréhender. Saisir la profondeur pour apprécier le nectar, voilà le deal.

Abords d’Edge

Concernant le gameplay, là aussi nous baignons dans les eaux du déjà-vu: du farm, de la gestion d’équipement, de l’exploration et des combats. Globalement, l’équilibrage est de mise avec 4 niveaux de difficulté sélectionnables pour un meilleur confort des joueurs. Certes, les 2 premiers ont un intérêt relatif pour les plus aguerris. Cependant, il y a le mérite de proposer quelque chose d’accueillant et qui évite la frustration.

Se promener dans le monde ne sera pas pénible, la possibilité d’utiliser les montures aidant grandement. Et c’est avec franchise que le studio aborde les choses. Pas de réels temps morts ni de séquences faites pour gonfler artificiellement la durée de vie. D’accord, les 30 heures nécessaires en ligne droite (et en flânant un peu) peuvent paraître bien courtes mais en tout cas, l’ennui ne pointe jamais le bout de son groin.

Si discuter avec les PNJ et trouver des trésors sont des refrains très connus, le reste du contrat est rempli entre quêtes secondaires, chasses et avancée dans l’histoire. Les développeurs sont conscients de l’essence du J-RPG et Edge of Eternity transpire les inspirations par tous les pores. Vous devrez donc prendre le temps de comprendre les mécaniques et les exploiter à fond. En effet, le succès d’une mission dépend de sa préparation et il vous faudra bien équiper les membres de votre équipe (jambes, torse, bras, accessoire(s)…).

Le système d’évolution est aussi bien pensé. Vos personnages progressent tout comme votre arsenal. Pour l’armement, vous avez la possibilité de leur mettre des cristaux qui boostent les stats tout en octroyant des compétences particulières selon le guerrier choisi.

Cela vous demandera de faire des choix. Néanmoins, vous comprendrez rapidement le principe (les couleurs aident beaucoup!) qui vous poussent à vous engager dans une lignée, les autres se refermant de facto.

Strate Edge

Edge of Eternity demande aussi de faire fonctionner vos neurones quant à la création des armes, le jeu étant assez chiche dans la distribution de celles-ci. Cela encourage à étudier les attributs avec patience. De fait, vous orientez vous-même la manière de combattre et cela fonctionne parfaitement, sans vous emmener dans les abysses de la complexité.

Et puisque les affrontements sont des piliers très importants pour le genre, toute erreur est proscrite. Là encore, les architectes l’ont bien compris et offrent une  proposition aussi solide qu’agréable. En ce sens, nous sommes face à quelque chose de rôdé: le tour par tour saupoudré de Tactical. Pour faire simple, vous devez attendre que votre jauge d’ATB monte avant d’agir. Evidemment, les jauges de PV et de PM répondent à l’appel !

Se protéger, attaquer, utiliser la magie (offensive ou défensive) ou des items, Edge of Eternity ne réinvente pas la roue et pourtant, c’est diablement efficace ! Il ne faut pas hésiter à engager l’ennemi dans le dos, ou vous placer derrière lui. Les arènes se présentent avec une grille qui vous permet de vous déplacer, ce qui est essentiel pour éviter les attaques et, surtout, de protéger vos enchanteurs. En effet, si votre équipe est mal disposée et encerclée, ce sera la fin. Il faut aussi prendre en compte le fait que certaines offensives peuvent être interrompues et il est capital de bien juger la situation.

L’autre bonne idée provient de la possibilité d’exploiter l’environnement pour mettre à mal les opposants. En gérant cet aspect, en plus de la recherche des faiblesses, vous obtiendrez triomphe sur triomphe. Malgré une certaine répétition à la longue, les affrontements sont jouissifs même s’il faudra faire le deuil de la caméra dynamique plus handicapante qu’autre chose.

Le seul hic provient du mapping des touches, pas intuitif pour 2 sous. Néanmoins, la richesse du système encourage à poursuivre et c’est bien là l’essentiel!

De fait, Edge of Eternity mérite-t-il sa place au panthéon du jeu vidéo ? Pas encore, mais il est certain que ce premier jet est prometteur pour l’avenir !

Edge of Eternity tente des choses, c’est une certitude. Toutefois, nous avons de temps en temps plus l’impression qu’il coche les cases (une par une) du “manuel du bon petit J-RPG”! Affublé d’une technique vraiment faiblarde qui lui colle à la peau tout en subissant des sautes de rythme en proposant un classicisme parfois scolaire, le titre montre de quoi il est capable grâce à son gameplay muni d’un système vraiment intéressant.

Préparation, à-côtés, exécution… Edge of Eternity obtient son examen avec mention lorsqu’il s’agit de procurer des sensations malgré quelques choix ergonomiques douteux.

L’OST participe grandement à l’effort de guerre et si l’équipe de développement est restreinte, il n’y a pas à rougir face à certains mastodontes moins soignés. Bien sûr, il faudra passer un palier pour espérer se placer sur le podium qui est, à l’heure actuelle, encore inatteignable.

C’est tout le mal que nous souhaitons aux artisans frenchies qui nous prouvent sans mal qu’ils ont bien intégré ce que représente le jeu de rôle japonais.

Désormais, il reste encore plusieurs étapes à franchir afin de devenir des décideurs prêts à bouleverser les codes.

Et avec cette proposition initiale, nous nous mettons à imaginer un avenir radieux !

Un permis de rêver: c’est aussi ça l’envoûtement du premier jet.

Un énorme merci à Dear Villagers de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Edge of Eternity. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!

No Bloody Knows
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No Bloody Knows

Sorte de mixture issue des années 80 et 90, le No Bloody Knows, ou le NBK pour les plus pressés, se consomme en duo. Une facette double qui trouve son inspiration dans l'indie ou les productions à moindre budget. Un accent marqué du Nord de la France, une passion pour le Beat'em Up et une envie de découvrir ce que la passion a de plus beau : la créativité! Un plaisir de partager notre expérience car nous tous, nous sommes la Pop Culture.

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