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Critique: Breakneck City

Voici notre critique de Breakneck City, testé sur Playstation 5:

Genre: Beat’em Up
Développeur: Renegade Sector Games
Date de sortie: 5 janvier 2022

Disponible sur PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One, Nintendo Switch et PC

Élaborer le test d’un jeu vidéo à chaud et sans prendre de recul, c’est comme mettre les doigts dans son nez : ça ne se fait pas. Il faut savoir prendre le temps d’analyser, assimiler, saisir l’endroit où les cerveaux derrière le projet souhaitent nous emmener. Dans le cas de Breakneck City, il nous aura fallu un temps pour comprendre exactement de quoi il en retourne, tant le titre a réussi à se montrer répulsif à l’occasion.

Pourtant, le pitch de départ est évident: vous emmener bien des années en arrière, dans une espèce de trip old-school assumé sous la forme d’un Beat’em Up où les déplacements s’effectuent en 3D.

L’entreprise est périlleuse tant le genre est prisé et la concurrence ardue. Une manière de rentrer en scène des plus intéressantes avec une prise de risque non mesurée et une acceptation du deal: pour se faire une place au soleil, il va falloir batailler !

2 héroïnes pour nettoyer un gang de vilains, une approche particulière, voilà dans quoi nous nous embarquons ! Au-delà d’un jeu de mots assez sympathique se cache une ambition simple misant ses piécettes sur son concept.

De quoi attiser notre curiosité sans dissiper nos craintes dès l’annonce tant cela semble chavirer dans une sphère singulière dont le sens n’est pas véritablement établi. Cela n’empêche pas vos serviteurs du crew de 2pjeuxvideo d’enfiler à nouveau leurs vestes poussiéreuses, poings américains usés et chaussures trouées pour aller se mesurer aux pâles gredins dont la méchanceté n’a que le kitsch comme étendard !

Alors Breakneck City: sérieux outsider ou comparse du vice ?

Justine mise au point

Passons outre les présentations pompeuses: à l’instar de nombreuses productions de la même catégorie, le scénario de Breakneck City ne s’encombre pas d’une psychologie avancée. Un homme pétri d’intentions peu honorables, 2 femmes (Justine et Sidney) reines de la praline qui dégomme, des enjeux faiblards et…voilà. En soi, ce n’est pas un reproche car rares sont les BTU cherchant une légitimité du récit. Cependant, la narration fait parfois foi en la matière.

Ce ne sera pas le cas ici où l’histoire est communiquée via de très courts dialogues figés aux effets sommaires, si ce n’est inexistants. Le tout est en anglais mais rien de bien sorcier. Cela ne va pas chercher bien loin et le niveau requis n’est absolument pas stratosphérique. Si cela est un bon point, ce ne sont pas les portraits absolument hideux des protagonistes qui vous plongeront dans l’atmosphère ! Certes, nous reconnaissons que cela donne un cachet résolument old-school composé de textures plaquées et de formes cubiques “low poly” qui pourraient nous évoquer les bons souvenirs de Tomb Raider.

En outre, la moutarde ne nous monte jamais au nez. L’œuvre oublie réellement de se prendre au second degré et multiplie les altérations inhérentes à la 3D que nous pensions envolées depuis longtemps. Et cela ne nous avait pas manqué! Nous ne reprocherons jamais à une création d’opter pour le “jusqu’au boutisme” ; encore faut-il que celui-ci soit justifié. Or, ce n’est pas le cas.

Que les silhouettes soient disgracieuses (ces mollets, bon sang !), passe encore. Mais que la colorimétrie fasse étalage d’un flashy de mauvais aloi, non. La retranscription du crasseux passe éventuellement par ce biais. Cela ne justifie pas une telle bouillie qui foire l’hommage pour le troquer contre le passéisme.

Sidney : quoi ? Nonne ?

Le souci de Breakneck City se situera selon votre échelle de tolérance: si vous considérez qu’un produit neo retro doit être construit selon les moyens de l’époque, alors oui, vous ferez preuve d’une certaine clémence. A l’inverse, si vous voyez le mouvement comme une prolongation améliorée de l’avant, alors il vous sera très difficile de vous ouvrir à la bienveillance. Comme lorsque vous pesterez contre cette 3D imprécise qui vous verra effectuer des tartasses dans le vide !

Tout est réduit au minimum. Une frappe avec les poings rapides, le coup de pied plus lent avec plus de portée, le saut, l’attaque en l’air… ce moveset est saupoudré d’un dash infini et très rapide, vous permettant de vous extirper de n’importe quelle situation afin de vous éloigner du danger. Tout est mal animé, à notre grand regret, et la lisibilité est en vacances ! Vous ferez face à un nombre d’ennemis respectable quand bien même le bestiaire est affreusement concis. Les patterns sont peu variés et les hitboxes hasardeuses.

Le manque de réactivité se fait ressentir, notamment en raison d’une impossibilité de cancel une action ou d’un demi-tour qui met 3 plombes, accentuant cette sensation de lenteur et cette inertie fatale. Vous serez aussi à l’étroit, les zones de combat étant délimitées par un brouillard vous empêchant de déborder (alors que les opposants peuvent s’y retrouver en y étant expulsés !). Ajoutons à cela une IA en berne, où les mobs se coincent dans le décor, et le calice est bu jusqu’à la lie.

Comme vous le verrez, tout n’est pas à jeter. Mais la liste des défauts est encore longue.

Have a Breakneck, have a big claque ?

S’il y a bien un atout dans le jeu de cartes, c’est l’envie de bien faire et le postulat d’origine. Le maître-mot est l’utilisation du décor et à maintes reprises, cela fonctionne plutôt bien. Barres de pole dance vous octroyant une attaque spéciale meurtrière, coup dans une chaise pour l’envoyer sur les loubards, exploitation des marches des escaliers pour faire tomber le pauvre plouc, le contrat est honnête.

Le soft exploite parfaitement cela dans un niveau entier, rendant son Boss attractif et original… Enfin jusqu’à la trouvaille de la faille qui le rend ridicule. Les autres ne sont pas bien mieux lôtis entre diversité absente et anticipation trop évidente, à l’image du dernier filou, sorte de Mr X en promotion. Heureusement, Breakneck City peut compter sur son autre argument: la gestion des jauges. Celles-ci sont identiques pour tous les belligérants. Chacun dispose de sa vie et d’une échelle de résistance. Lorsque celle-ci est vide, le break se produit et le personnage est séché, immobile tout en subissant énormément de dégâts.

Cela augmente la stratégie car comme le curseur remonte perpétuellement, vous devrez multiplier les assauts en évitant de vous faire massacrer, surtout que certains coquins ont la fâcheuse tendance à se protéger ou bénéficient d’un recovery très favorable qui vous en met plein la trogne. Visuellement, le fait d’avoir stun un charognard est bien perceptible. Encore une fois, la qualité est contrebalancée par une tare importante ! Dans ces moments, le jeu rame de temps en temps comme cela n’est plus permis en 2022. Surtout sur next-gen pardi ! Les couacs techniques se multiplient, comme la caméra qui masque l’action ou qui oublie de se recadrer (en dépit de plans parfois très réussis). Nous évoquerons aussi quelques scripts ayant zappé de se déclencher, ayant pour effet de nous coincer dans une arène sans pouvoir en sortir…

Eh Break ! Elle est où my neck ?

Résolument orienté pour 2 joueurs, Breakneck City essaie de gérer au mieux les situations où les 2 challengers s’éloignent l’un de l’autre en les remettant au bon endroit. Pas de friendly-fire à l’horizon et, dans le fond, la coopération reste appréciable. Nous pensons notamment à la scène où l’un de nous contenait une vague tandis que l’autre cherchait le parfait timing pour envoyer paître les voyous contre des voitures en mouvement. Grisant ? Trop peu.

Si quelques séquences sauront aussi vous résister, sachez que les checkpoints sont nombreux et qu’ils rétablissent entièrement votre vie. Cela nuit à la difficulté, rendant les soins dispensables. Ceux-ci sont d’ailleurs la seule chose à ramasser, en dehors des armes qui font correctement leur office. Comme de coutume pour un BTU, à vous de veiller à leur usure.

Comme quoi, certains codes ont la vie dure et ce n’est pas plus mal! Seulement, lorsque vous jouissez des pétoires, les approximations deviennent encore plus envahissantes.

Le reste proviendra d’un questionnement existentiel de notre part: pourquoi diable le scoring est-il évanoui dans la nature ? Un tacle à la gorge de la replay-value d’un jeu qui se termine en 40 minutes montre en main. Il n’y a finalement pas d’intérêt à y retourner, si ce n’est pour tenter le “zero damage” si le courage vous en dit. C’est regrettable tout en étant à l’opposé des enseignements du genre, ce qui risque de clouer au pilori la détermination de l’œuvre.

Neck rosé

Enfin, la direction artistique, si elle a le mérite (comme nous le disions plus haut) d’endosser la charge de son identité, boitille. Entre les perspectives ratées et les choix de décors réduits à peau de chagrin, nos yeux n’ont jamais essayé de se sauver de leurs orbites afin de contempler le joyau de plus près. Nous réitérons: cela est fait en connaissance de cause. Toujours est-il que ce n’est pas chatoyant, voilà tout.

Les impacts ne se ressentent jamais réellement et le sound-design ne fait pas la différence. Les bruitages sont une tentative manquée qui, au mieux, sera vite oubliée ou, au pire, énerveront certains d’entre nous. Aucune sensation pour une ambiance plate et sans relief alors que cela représente un credo immuable pour le Beat’em Up !

Une nouvelle fois, il ne s’agit pas de tirer sur l’ambulance et nous comprenons parfaitement la philosophie de Breakneck City. Toujours est-il que cela ne fonctionne pas.

Les musiques quant à elles vacillent et virent entre l’insupportable et le discret. La faute à des boucles rachitiques qui vous donnent envie de finir au plus tôt. Rien de singulier n’est à signaler pour ce qui est des arrangements. Le désir de nous plonger dans l’excursion est là. Néanmoins, l’exécution est malhabile et ce sont les loupés qui prennent le pas sur la réflexion jusqu’à en provoquer l’aversion.

Comme quoi, l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.

Pas de quoi disserter pendant des heures et c’est avec un profond malaise que nous vous livrons ces quelques lignes. Grands défenseurs des rêves indépendants, quitte à comprendre certaines maladresses sans les éluder, le NBK se trouve aujourd’hui face à sa responsabilité: celle de vous informer, comme d’habitude, avec justesse.

Et pour les aficionados de Beat’em Up et de retro, la pilule aura du mal à passer. Breakneck City, s’il dispose de notre sympathie pour sa faculté à aller jusqu’au terme de sa croisade, enchaîne les boulettes. Et si, individuellement, celles-ci sont pardonnables, leur fusion donne un goût amer. Ainsi, les ténors du BTU peuvent encore se reposer sur leurs belles prouesses ! A aucun moment le jeu ne semble ne serait-ce que les effleurer. Toutefois, nous ne pouvons qu’encourager le studio pour l’audace dont il a fait preuve.

Que le croquis lui permette d’affiner sa feuille de route pour envisager un prochain opus de qualité.

C’est tout le mal que nous lui souhaitons.

Un énorme merci à Eastasiasoft de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Breakneck City. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!


No Bloody Knows
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No Bloody Knows

Sorte de mixture issue des années 80 et 90, le No Bloody Knows, ou le NBK pour les plus pressés, se consomme en duo. Une facette double qui trouve son inspiration dans l'indie ou les productions à moindre budget. Un accent marqué du Nord de la France, une passion pour le Beat'em Up et une envie de découvrir ce que la passion a de plus beau : la créativité! Un plaisir de partager notre expérience car nous tous, nous sommes la Pop Culture.

One thought on “Critique: Breakneck City

  • Tooonyo

    Quel gâchis, moi qui attendais un nouveau Die Hard Arcade…

    Répondre

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