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Critique: The Forgotten City

Voici notre critique du jeu The Forgotten City, testé sur PS5:

Genre: Aventure et enquête
Développeur: Modern Storyteller
Date de sortie: 28 juillet 2021

Disponible sur PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One et PC

Ce n’est plus une tradition perdue ni une légende. On parlerait bien volontiers d’habitude: désormais, l’étrange fait partie intégrante de l’école du jeu vidéo. C’est un fait constant, intouchable presque dont The Forgotten City se fait le porte-étendard ne serait-ce que pour la nature de son existence.

Intrinsèquement, pas de révolution quant au genre de la production. Issue d’un mod du tant choyé Skyrim, la création a muté pour devenir un stand-alone. Point de biomes à outrance: nous avons affaire ici à un jeu d’enquête où il s’agira de résoudre plusieurs “énigmes” sans que la difficulté ne soit exponentielle.

En ce sens, tout le défi sera de vous conter les subtilités de l’aventure sans laisser transpirer une déferlante d’informations, le scénario étant la plaque tournante de The Forgotten City.

Lucides, les cerveaux ayant planché encore et encore pour vous offrir une expérience digne de ce nom précisent avant même l’introduction qu’une quelconque révélation serait un immense gâchis pour l’appréciation du titre!

Reste à se maintenir à la hauteur de ses ambitions et c’est en cela qu’il est temps de décortiquer un récit à la fois dérangeant, mystérieux, sublime et engagé.

Recherchons les délices du passé pour mieux apprécier le futur. Après tout, notre survie en dépend…

Les peines du mort d’or

“La collectivité souffrira pour les péchés de l’individu”.

Inutile d’y aller avec le dos de la cuillère: dès les premières foulées dans cet univers à la fois crédible et complètement fou, le ton est donné. Après une brève intro où votre personnage amnésique (évidemment) est sauvé par la cryptique Karen sur les bords du Tibre, vous voilà emmené vers une cité romaine où vous êtes projeté 2000 ans en arrière.

Seulement voilà: le nom du jeu est loin d’être un hasard! The Forgotten City est un endroit où se trouvent une vingtaine de personnes, catapultés en ce lieu sans trop savoir pourquoi. Le “gourou” du coin tente de maintenir un certain équilibre car au-delà d’une paisibilité apparente se cache un lourd tribut: les habitants sont sous le joug de “la Règle d’Or”, immuable et dogmatique. Si l’un d’entre eux commet un méfait, comme un vol ou un meurtre, tout le monde paiera l’erreur en se transformant en statue…version 24 carats!

Sur le papier, le synopsis ne semble pas sexy et pourtant l’écriture est une merveille, tout simplement. Certes, l’ensemble est ultra-dirigiste et peu d’alternatives s’offrent à vous. De fait, vous aurez bien quelques variations dans les dialogues mais rien de transcendant, excepté lors des moments où il faudra atteindre les différentes fins, au nombre de 4.

A noter que la dernière est vraiment poignante et apporte un filtre émotionnel qui brise la robuste carapace de l’histoire. Il est toutefois dommage de se dire que pour avoir accès à chaque conclusion, seules 7 petites heures sont requises. Sans vraiment de rejouabilité…

Allez, venez mille or!

L’histoire dispose d’une atmosphère tellement malaisante! Bien sûr, nous sommes loin de l’horreur ou de la torture d’un Salò ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975) par exemple, mais ce n’est pas le but recherché. Pas de peur, non, et surtout beaucoup de nuances; néanmoins, le mal-être vous ronge tout comme les protagonistes du casting qui, sans être sujets à un développement psychologique ultime, possèdent une identité qui permet d’outrepasser le clonage de personnalité.

En outre, The Forgotten City puise sa force dans la cohérence et le talent de l’écriture. Tous les événements sont liés, d’une manière ou d’une autre, et chacun dispose de ses propres motivations. A vous de tout imbriquer selon votre méthode. Car si la règle s’applique à tout le monde, vous n’y échapperez pas. Si vous commettez un larcin ou que vous n’empêchez pas un assassinat, le monde s’écroulera et les statues déjà rencontrées se transformeront pour certaines en assaillants, vous obligeant à vous sauver jusqu’à un vortex qui vous fera recommencer la journée.

Toutefois, rien ne sera perdu et cela sera nécessaire à maintes reprises. En effet, comment dissuader cet homme de se suicider ? Comment puis-je soigner ce malade et ainsi écouter son histoire ? Tout cela vous impose une organisation abordable dans le tri de vos quêtes en prenant en compte qu’elles sont consultables depuis un menu simple et facile d’accès.

Vous arpentez donc les rues comme bon vous semble, dans l’ordre que vous souhaitez même si certaines zones sont barrées grâce à la magie du scénario. Celui-ci réserve son lot de twists, parfois imprévisibles, et les dialogues, rouages essentiels de The Forgotten City, ne manquent pas de saveur, bien servis par des doublages convaincants et une traduction française impeccable. Avec le soutien d’une partition musicale aussi solide qu’insolite.

Muer vers l’or

Quid de l’ergonomie? Un certain regret nous donne quelques mauvais frissons lorsqu’une nouvelle possibilité de réponse, consécutive à l’une de vos actions, est disponible mais noyée dans toutes les possibilités.

Il n’est donc pas rare de devoir reposer une question, pourtant grisée, afin de retrouver l’option toute neuve qui fera avancer le schmilblick. Rien de bien grave! Néanmoins, la contrainte est à souligner car cela hache le rythme, pourtant idéal jusque-là. Vous vous y ferez certainement tout en gardant un léger goût amer. Cela reste une remarque qui flirte violemment avec la minutie compulsive: encore faut-il l’admettre!

The Forgotten City, malgré une aire loin d’être comparable aux mastodontes actuels, se veut cohérent et bien connecté. Nous n’échapperons pas au traditionnel forum, aux villas ou au marché maussade mais il faut avouer que la vision romaine est retranscrite avec brio grâce à une direction artistique du tonnerre qui fait oublier quelques tares techniques. Si nous ne contemplons pas une véritable tuerie graphique, en plus d’une animation rigide et quelques expressions faciales moins réussies, nul doute que vous saurez apprécier la lumière extraordinaire en plus d’une architecture absolument divine.

Le constat est donc limpide: la représentation visuelle fait honneur au propos rendant la diégèse d’autant plus crédible qu’elle aborde des thèmes forts comme la corruption ou les religions, entre autres. Si vous êtes imperméable à la proposition, ce serait une ignoble filouterie de ne pas porter aux anges cette volonté de rendre réaliste une fable qui ne l’est pas.

Ne pas avoir de Rome-or?

Par ailleurs, le level-design montre son ingéniosité affûtée par le biais d’une verticalité appréciable. Des hauteurs aux souterrains, une sensation de vertige ne peut que se faire ressentir. Les décors disposent d’une diversité honnête qui n’expulse pas l’harmonie de la cité et c’est cela qui nous enveloppe dans le plus beau tissu méphitique. Il faudra un temps pour mémoriser les accès et heureusement, un astucieux système de raccourcis est à votre disposition.

Comment? Le gameplay n’est pas évoqué? Si vous êtes un fanatique de l’action, autant changer de voie : les (rares et dispensables) phases de combat sont assez molles et malgré quelques trouvailles, ce n’est pas sur ce terrain que se déroule le voyage transcendental! Certes, il y a de l’idée avec cet arc un peu spécial… rien de mémorable quoi qu’il en soit et rien de honteux. Nous le maintenons : là n’est pas l’intérêt!

Nous sommes face à une expérience narrative en vue à la première personne où la recherche est primordiale. Vous comprendrez d’ailleurs rapidement que les choix de classe de départ (ayant quelques influences sur la vitesse, la défense ou la possession d’une pétoire pour vous illustrer quelques atouts) ne sont absolument pas nécessaires pour mener à bien votre épopée.

Une voix nous appelle, un extravagant sentiment nous envahit. Comme si nous étions attirés…

Que la bienveillance soit la muse nous sauvant de la perdition!

Un nouvel émerveillement et un étonnement de tout instant : voilà le menu de The Forgotten City, un mod devenu mature pour clamer son indépendance et quitter la maison des parents.

D’essence narrative, le jeu instaure une atmosphère forte et pesante, étouffée par une cadence singulière et un calme oppressant, à l’image du message véhiculé.

Une nouvelle fois, impossible de nier les qualités du titre tout en admettant que le vote à la majorité absolue sera un objectif bien difficile à atteindre. Et pourtant : quelle réussite! Une véritable claque d’écriture malgré un gameplay en deçà. Plus pensé selon une logique PC, The Forgotten City puise ses inspirations avec suffisamment de dextérité pour affirmer sa suprématie.

La proposition ne permettra pas de réconcilier les allergiques au genre; cependant, ne pas se pencher sur cette aventure revient à se priver d’une recherche d’un trésor pas aussi pléthorique qu’un autre mais doté de réelles pièces uniques.

Curieuses et curieux, ne cherchez plus: la baguenaude commence ici, au milieu de l’obscurité de l’inconnu et de l’improbable.

De quoi se questionner sur le sens du mal et de ses conséquences. Coup de chance: le NBK a toujours préféré l’argent…

Un énorme merci à Dear Villagers de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu The Forgotten City. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!

No Bloody Knows
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No Bloody Knows

Sorte de mixture issue des années 80 et 90, le No Bloody Knows, ou le NBK pour les plus pressés, se consomme en duo. Une facette double qui trouve son inspiration dans l'indie ou les productions à moindre budget. Un accent marqué du Nord de la France, une passion pour le Beat'em Up et une envie de découvrir ce que la passion a de plus beau : la créativité! Un plaisir de partager notre expérience car nous tous, nous sommes la Pop Culture.

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