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Critique: Summer Catchers

Voici notre critique du jeu Summer Catchers, testé sur Nintendo Switch:

Genre: Endless Runner
Développeur: FaceIT
Date de sortie initiale: 16 juillet 2019

Disponible sur Nintendo Switch, PC et Android

Site Web Officiel

Nul besoin d’exhiber des moyens colossaux pour oser la création. Un refrain désormais bien connu de tous, le jeu vidéo étant la vitrine tant attendue de la diversité. Et au milieu d’une génération apparentée à de titanesques Zelda ou The Last Of Us (pour ne citer qu’eux) se trouvent des projets comme Summer Catchers. Des pamphlets plus modestes, certes, mais dont une poignée a réussi à se hisser au rang d’essais cultes au milieu d’un marasme parfois indigeste.

Cependant, nous nous égarons. Il est désormais l’heure de se confronter à cet objet tout pixelisé, véritable hymne au voyage. Un énième hommage au style rétro, qui fait désormais partie intégrante du décor vidéoludique et qui puise sa force dans le jusqu’au-boutisme de son concept. Quitte à prendre le risque de se brûler les ailes de temps à autre. Une véritable promenade semée d’embûches qui montre un visage double, entre fulgurances et le moins bon. Un ensemble de défauts pardonnables pour mieux atteindre l’Olympe? Tous en voiture pour résoudre cette énigme avec nous!

Margaret Catchers

Summer Catchers n’est pas un rejeton de la complexité. Si vous connaissez Bit.Trip Runner, nom qui reviendra durant l’ère de cette critique, alors vous ne serez pas surpris du principe: une voiture (en bois pour le commencement) qui roule seule et des obstacles à éviter pour aller le plus loin possible tout en remplissant des objectifs donnés. Facile, non? En effet, le moyen de locomotion de notre attachante héroïne maintient une vitesse constante et il faudra faire preuve de réflexes et de réflexion pour triompher.

Jeu de rythme nous direz-vous? Pas vraiment. C’est dans son choix le plus fort (et le plus contestable) que le titre révèle son identité! Ainsi, il ne s’agit pas d’appuyer sur une touche en particulier pour s’en sortir. Au contraire, vous aurez rapidement la sensation de répétition inhérente à l’apprentissage! Vous devrez donc constituer votre deck en début de mission pour avoir le choix de vos actions comme le saut, la frappe ou l’accélération, qui ne cesseront de s’étoffer au fur et à mesure. En prenant en compte que chaque piège a une manière particulière d’être esquivé, vous saisirez de suite le concept. D’autant plus que le didacticiel est parfait.

Vous disposez donc de 3 choix d’action (sélectionnables au stick) à effectuer et générés de façon aléatoire. Et c’est bien là la tare du jeu! Car si l’aspect stratégique est appréciable grâce à votre choix des mouvements à acheter en boutique avant de rentrer en piste, le hasard fait parfois mal les choses. Surtout lorsque, malgré vos efforts, vous voyez que vous n’avez pas les outils nécessaires pour franchir un nouveau palier.

Et cela peut vite arriver! Bien sûr, les développeurs ont pensé à la possibilité de changer les objets durant la “course”. Toutefois, la possibilité d’effectuer une nouvelle modification est soumise à une recharge bien trop longue. Et lorsqu’après avoir bousillé un totem avec un bouclier de frappe puis esquivé des hérissons en volant ou encore sauté au-dessus d’un morceau de neige, quelle frustration de ne pas disposer d’un coup de boost pour gravir cette pente bien trop raide!

Catchers la voix

Et des gamelles, vous en prendrez régulièrement! C’est d’ailleurs le principe. 3 vies durant la course folle et au bout de la 3ème touche, votre voiture volera (et la conductrice également) pour retourner au hub vous permettant de choisir les objectifs à accomplir et à faire vos emplettes d’outils chez le marchand. D’ailleurs, certaines missions augmentent le défi en proposant une action spéciale, comme peindre des lapins qui se trouvent dans le niveau, ce qui fait monter la pression de l’aléatoire.

Et lorsque les cartes des outils sont bonnes, Summer Catchers se veut singulièrement plaisant et jouissif. Dans le cas contraire, la source d’énervement jaillira quand les faits s’amourachent de la récidive. C’est alors qu’une question légitime se pose: pourquoi ne pas avoir misé, à l’instar d’un Bit.Trip Runner justement, sur un jeu de rythme pur et dur où le skill se superpose à l’incertitude?

Par bonheur, quelques aides précieuses sauront vous apporter un peu de douceur, comme ces bulles d’invulnérabilité salvatrices, pour surmonter un challenge parfois relevé. Attention, point de comparaison avec les champions de la difficulté! Mais il est évident que certains passages sont un peu plus tendus même en sélectionnant le mode le plus abordable.

Comme nous le disions: les objectifs sont souvent accomplis après plusieurs échecs. Un peu comme le die & retry sauf que chaque gain perdure. A titre d’exemple, si vous devez couper 5 arbres et qu’en une run, 2 d’entre eux l’ont été, vous conserverez votre bénéfice. Sauf que les obstacles sont également générés de manière procédurale, ce qui limite toute logique cognitive.

Catch Sunny

Ramasser des champignons pour augmenter son capital, user du klaxon pour réveiller des chouettes et se frotter à un boss: sur ce point, rien à redire, Summer Catchers assure une jolie bigarrure! En dépit d’une écorce cyclique, nous sentons que les créateurs ont une volonté de changement continuel. Nous affectionnons également le parti-pris qui impose quelques mini-jeux, toujours aussi sommaires en se montrant cocasses et efficaces. Et même si les gardiens de fin de chaque monde ont parfois tendance à se montrer bien punitifs, comme ce 3ème qui a fait appel à notre chance, les variations sont pertinentes. Tout comme celles des biomes présentés et du « bestiaire ».

Oui, nous arpentons chaque level en subissant peut-être parfois le côté “mobile” de la conception. Il serait en outre bien malhonnête de notre part de ne pas reconnaître l’immensité du travail accompli par le studio. Chaque hub est identifiable et l’évolution cohérente. D’autant plus que les arrières-plans sont parfois impressionnants lorsque le jeu nous offre des temps de contemplation afin de respirer un peu.

Il va sans dire que nous touchons à ce qui marque les esprits: la direction artistique absolument fabuleuse. Visuellement, à moins d’être totalement hermétique au pixel-art, l’enchantement est de mise. Pourtant, Summer Catchers s’aventure sur un terrain glissant en optant pour du pixel gigantesque, ce qui donne ce design si charmant dans son imprécision volontaire.

Surtout que chaque être rencontré, ennemi ou allié, possède une apparence qui lui est propre et prononcée. Et que dire de ce choix de couleurs?  Un régal pour les rétines offrant le paradoxe du rêve éclaté et pourtant si homogène. Un feu d’artifice oculaire qui marque les esprits en évitant de tomber dans la banalité brouillonne. Comment ne pas fondre devant tant d’ingéniosité qui transcende une impression minimaliste? Sur ce point, aucune ambiguïté: les concepteurs ont parfaitement saisi la puissance émanant d’un choix graphique devenu une norme. Un succès indéniable!

Bien catchers son jeu

Et, comme de coutume, avoir un environnement sonore du même acabit est essentiel. Ici, l’OST est élaborée en toute subtilité. Une réelle plus-value qui donne vie aux décors tout en ajustant le dosage. Toujours justes, les compositions permettent d’assurer la bonne ambiance générale qui se dégage de Summer Catchers. Avec une touche poétique surprenante pour ce genre de production. Electro, acoustique et bien d’autres: tout est réuni pour abasourdir nos tympans! Les onomatopées animant les échanges entre personnages sont d’ailleurs tout aussi exquises.

De fait, une énergie positive se déploie et se montre tantôt touchante, tantôt enjouée. Tout comme le but de la quête qui consiste à traverser le monde pour aller chercher l’été. Une raison suffisante pour présenter quelques personnages guillerets, dont certains pourront vous venir en aide, à travers des répliques toujours bien senties et dans le ton.

C’est en cela que nous ne pouvons qu’encenser une traduction sérieuse qui rend justice au scénario. De plus, certains échanges sont franchement drôles et font mieux passer la pilule lors d’une défaite grâce à une protagoniste délicieuse qui se permet de briser le 4ème mur. Une méthode pour s’adresser aux joueurs afin de relativiser les quelques errances qui assombrissent l’aura de Summer Catchers.

D’autant plus qu’énormément de clins d’œil sont disséminés un peu partout, dont des références appuyées au folklore des pays nordiques. Une intelligence qui détourne le spectre de la prétention en raison d’un affichage gracieux et mis en scène avec brio. Comment résister aux charmes prodigués? Nous avons été happés tout au long des 8 heures nécessaires (selon votre taux de chutes!) et bien des fois cela nous a permis de garder le pad entre les mains. Sans le balancer à travers la pièce!

Yellow summer reign

Quid de l’intérêt d’une version Switch? A vrai dire, l’interrogation est légitime. S’il est clair que le modèle semble plus adapté pour le PC ou le système Android, la conversion n’a pas à rougir. Le gameplay n’est pas forcément inné; en outre nous apprenons à l’apprivoiser peu à peu pour arrêter de s’emmêler les pinceaux. Excepté lors des petits moments de panique où la vitesse nous surprend pendant que l’automobile avance perpétuellement!

C’est pourquoi le choix de portage sur cette console est pertinent. Plutôt que de tabler véritablement sur l’expérience devant votre téléviseur, le passage en format portable de la petite dernière de Nintendo transcende l’intérêt qui pourrait rapidement s’essouffler en format classique. On se met alors à désirer les bravades personnelles, ne serait-ce que pour se prouver que la malchance peut être parfois contournée.

Des options pour customiser le moyen de transport ainsi que l’actrice principale sont aussi déblocables. Ce n’est bien évidemment pas le grand soir mais cela a le mérite d’être proposé afin de contrer la monotonie susceptible de s’installer. Un bon moyen de dépenser son argent sachant que vous ne serez que très rarement en manque! Idéal pour les complétionnistes qui ne jurent que par le 100%.

Avant de passer à la conclusion, il convient de signaler qu’un curieux mode coopération en local ne cesse de surprendre. Les modalités ne sont pas de l’ordre de la transcendance en dépit d’un amusement immédiat procuré avec un ou une ami(e). Le second joueur ne prendra le contrôle que lors des tours de piste. L’alternance entre ce dernier et le gamer principal sera de mise afin d’utiliser les options pour se dépatouiller face aux anicroches. Le reste du temps? “Petit frère” sera expulsé de toute autre activité et du scénario malgré quelques vannes bien senties lors des dégringolades. Histoire de se chambrer entre vous comme l’ont fait vos serviteurs!

Si aucun adage ne peut être érigé en dogme du jeu vidéo, certaines leçons peuvent être retenues par empirisme. Derechef, rien n’est absolu. Cependant, il serait vicieux d’affirmer des choses qui ne peuvent être factuelles.

Ainsi, Summer Catchers doit être pris pour ce qu’il est, au milieu de ce tourbillon qu’est l’univers vidéoludique. Sans prétention trompeuse, le jeu vous offre une aventure dont les mécaniques sont à la limite de l’ascétisme en ayant l’audace d’intégrer le facteur chance couplé à la stratégie.

Une décision qui rend certains passages particulièrement bancals, ce qui offre un boulevard à la frustration au détriment de la satisfaction lors d’une exécution élégante. Pourtant, l’enrobage est suffisamment convaincant pour pardonner cet écueil et laisser une chance à un récit aussi humoristique qu’enchanteur.

Frugal générateur de songes, Summer Catchers surprend par sa profondeur insoupçonnée qui nous surprend là où on ne l’attendait pas du tout.

Loin d’être une coquille vide, le jeu se savoure avec parcimonie quand quelques tracas ternissent clairement le tableau.

Faut-il en vouloir à l’essence même de la production? Clairement non car la prétention n’est pas de sortie. Loin d’être à élever au rang de cultissime, le travail de FaceIT accouche d’une recette certes imparfaite mais loin d’être rebutante.

De quoi se sentir plus léger en attendant l’avènement des beaux jours.

Un énorme merci à Noodlecake de nous avoir permis de tester le jeu pour en faire une critique.

Merci d’avoir pris le temps de lire notre critique du jeu Summer Catchers. N’hésitez pas à nous donner vos avis sur ce jeu dans la section commentaire, ci-dessous!

No Bloody Knows
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No Bloody Knows

Sorte de mixture issue des années 80 et 90, le No Bloody Knows, ou le NBK pour les plus pressés, se consomme en duo. Une facette double qui trouve son inspiration dans l'indie ou les productions à moindre budget. Un accent marqué du Nord de la France, une passion pour le Beat'em Up et une envie de découvrir ce que la passion a de plus beau : la créativité! Un plaisir de partager notre expérience car nous tous, nous sommes la Pop Culture.

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